Le Nutriscore : quelle réalité ?

Le Nutriscore (NS) se trouve au cœur d’une polémique entre le citoyen lambda qui va le suivre et certains professionnels de santé qui << militent >> pour le discréditer. Mais qu’en est-il de la réalité ? A-t-on suffisamment pris de recul pour qualifier le NS de bon ou de mauvais outil ?

Qu’est ce que le Nutriscore ?

Le NS est un score qui permet de classifier les produits alimentaires sur une échelle allant de A à E (A étant la meilleure note et E la note la plus dégradée du spectre proposé). Ce système de scoring n’a pas pour objectif d’effectuer un classement de produits sains ou malsains, mais d’apporter une indication sur un produit face à ses homologues ! C’est déjà une première grande différence en comparaison avec ce que disent certains influenceurs et professionnels de santé qui ne connaissent pas le NS.

The Nutri-Score nutrition label

Le Nutriscore est un score qui s’applique uniquement aux produits ultra-transformés ou transformés afin de faire le choix le moins pire lorsque les consommateurs sont amenés à consommer ce type de produit. Les fruits et légumes n’ont pas de Nutriscore, tout comme la viande rouge proposée par le boucher du quartier. Par conséquent, gardez en tête qu’il s’agit d’un outil exclusivement réservé aux produits alimentaires transformés et ultra-transformés pour permettre d’identifier le meilleur choix parmi la famille de produits à laquelle ils appartiennent.

Malheureusement, beaucoup d’amalgames sont fait quant à l’utilisation de cet outil ce qui engendre une incompréhension et des opinions divergentes sur le sujet, c’est pour quoi cet article traite uniquement de faits avérés et non pas d’avis de toute sorte basé sur un ressenti. Afin d’éviter les amalgames, il faut que les professionnels de santé et les influenceurs transmettent l’essence du message du créateur du Nutriscore :

Bien entendu, toute adoption et mise en œuvre du Nutri-Score doit inclure une stratégie de communication efficace qui présente les preuves de son impact et de son efficacité de manière claire et transparente. Les informations pertinentes devront être relayées non seulement par les scientifiques de la nutrition et les autres
professionnels de la santé (par exemple, les médecins, les diététiciens, les pharmaciens), mais aussi par des stratégies de diffusion moins conventionnelles, comme les influenceurs des médias sociaux, qui sont plus susceptibles d’atteindre la population.

The Nutri-Score nutrition label

Le calcul des points du Nutriscore se fait d’une manière assez logique quand on prend en compte le contexte dans lequel la société évolue : le produit alimentaire perd des points s’il est riche en sucres, en graisses saturées, en sel et en calories ; mais il gagne des points s’il est riche en fibres, en protéines et faible en calories ! Certains crient à la stigmatisation du sucre et des graisses saturées ainsi que du sel et même des calories. En effet, ces 4 éléments sont d’une importance capitale pour la santé alors pourquoi leur faire perdre des points ? 

Tout simplement car il s’agit de produits ultra-transformés et non pas bruts. Par conséquent, la qualité de l’aliment est problématique car les produits ultra-transformés sont souvent riches en graisses saturées, sel et sucres et  (donc ?) en calories pour un volume relativement faible ! Qu’on le veuille ou non, la consommation de sucre, de sel et de graisses saturées ainsi que de calories provenant des produits ultra-transformés est bien trop élevée dans la population de manière générale. La consommation de ces produits est une des premières causes des prémices de pathologies comme l’obésité, le diabète, le surpoids et les maladies cardiovasculaires. Le Nutriscore ne dit pas que le sucre est mauvais ou que le sel et les calories sont mauvaises, il dit simplement que compte tenu de la tendance générale de consommation de ces nutriments dans la population et de leur relation avec certaines pathologies, il vaut mieux limiter leur consommation au travers des produits ultra-transformés !

Pour rappel :

  • La surconsommation des calories est la première cause du surpoids et de la prise de masse grasse mais les calories sont tout de même indispensables à l’organisme humain !
  • La surconsommation de sel est délétère mais une consommation normale est très bénéfique ! C’est donc l’excès qui est néfaste.
  • La surconsommation de graisses saturées favorise la prise de gras et les maladies cardiovasculaires mais une consommation dans les normes est bénéfique !
  • La surconsommation de sucre amenant un surplus calorique génère une prise de gras, mais la consommation de sucre hors excédent calorique ne pose aucun problème et est important !
  • La consommation d’aliments ultra-transformés favorisent le surplus calorique et donc la prise de gras ainsi que les pathologies avec la surconsommation de sucre, de graisses saturées et de sel mais aussi via le fait que les aliments ont un faible volume et ne comblent pas correctement la faim ce qui augmente la quantité consommée pour être rassasié. Sans parler du bliss-point (mélange de sucre, de sel et de gras) qui favorise une certaine envie de toujours consommer plus malgré le fait que l’individu ne ressente pas la faim.

Je pense que vous avez donc compris qu’aucun de ces nutriments (sucre, sel, calories, graisses saturées) n’est problématique et que pris individuellement ils ne sont pas « mauvais ». Cependant, un outil destiné au grand public doit tenir compte de la tendance générale et la surconsommation de ces nutriments est monnaie courante d’où la perte de points si un produit transformé est riche là-dedans. D’ailleurs le Nutriscore mentionne le fait que manger le moins transformé possible car c’est la grosse consommation des produits ultra-transformés le réel problème, le NS permet juste de réduire les dégâts que cette consommation fréquente produira !

Il faut donc savoir plusieurs choses à propos du Nutriscore afin de bien le communiquer et de minimiser voir d’éradiquer les amalgames à son sujet :

  • Le NS informe de la qualité d’un produit PAR RAPPORT à un autre produit similaire. Par conséquent, la comparaison des scores donnés, par exemple une boite de thon et un coca n’a aucun sens et ne peut pas être fait car vous en convenez, il ne s’agit pas de deux produits similaires. En revanche la comparaison d’une boite de thon et d’une boîte de sardines oui !
  • Le NS compare les aliments de la MÊME CATÉGORIE ET dans des situations de consommation similaires ! Il est donc totalement inutile et non pertinent de comparer le score d’un coca zéro avec celui d’une huile d’olive. En effet, ces deux produits n’entrent ni dans la même catégorie et ne sont pas utilisé pour la même situation (cuisson vs apéro / Filet d’huile vs Canette 33cl / Boire 25cl vs consommer 5g d’huile).
  • Le NS ne se substitue pas aux recommandations nutritionnelles de base. Certains disent qu’il favorise et vante les produits ultra-transformés… Ils n’ont donc rien compris au NS . Le Nutriscore est un outil qui ne se substitue pas aux recommandations, par conséquent le fait de manger le moins transformé possible avec du fait maison doit être priorisé (favoriser les produits bruts comme le poisson, la viande, les fruits, légumes etc.). Si les recommandations disent de manger des produits laitiers tous les jours, alors le Nutriscore, peu importe la note, ne doit pas freiner cette consommation recommandée par les organismes de santé.  En revanche, il permet de faire un choix sur les produits laitiers qui seront les moins défavorables SI il s’agit d’un produit transformé ou ultra-transformé.
  • Le NS dit clairement que dans le cadre d’une alimentation saine et variée, les produits notés E ou D peuvent être consommés sans problème (mais en faisant attention à la quantité tout de même) :

De même, il peut être tout à fait raisonnable de consommer des aliments classés D ou E dans le cadre d’une alimentation équilibrée, notamment des aliments traditionnels, mais le Nutri-Score devrait inciter le consommateur à prendre conscience qu’ils ne doivent être consommés qu’en quantités limitées et rarement.

The Nutri-Score nutrition label

Cela signifie qu’il faut aussi prendre conscience que l’alimentation est personnelle et à individualiser en fonction de l’individu, de son style de vie, de sa psychologie et de son objectif poursuivi.

  • Le Nutriscore mentionne le fait qu’un produit noté A ne veut pas dire qu’il est sain et qu’un produit noté E ou D ne veut pas dire qu’il est malsain car il faut rappeler le premier point de cette liste : il informe de la qualité d’un produit par rapport à son homologue, voici un exemple d’un produit noté E ou D plus sain qu’un produit noté A ou B :*

Si vous avez compris l’objectif du Nutriscore alors vous comprenez pourquoi le fromage de chèvre noté D est plus sain que le coca zéro noté B ! Si ce n’est pas le cas, je vous invite à relire l’article depuis le début !

Nutriscore et matière grasse : le cas de l’huile d’olive !

La question qui se pose beaucoup, et ce sont des exemples utilisés pour détruire la crédibilité du Nutriscore, est la suivante : Pourquoi les matières grasses ne sont jamais notées A ou B sur le spectre des notes du Nutriscore ? Cependant Il y a bien évidemment une explication, pour l’illustrer, on parlera de l’huile d’olive..

L’huile d’olive classé C est logique contrairement à ce qu’en disent certains tout simplement car C est la meilleure note qu’une matière grasse ajoutée peut avoir :

La catégorie C est la meilleure classe possible pour les graisses ajoutées, en accord avec le modèle de régime méditerranéen et avec les recommandations nutritionnelles de la plupart des pays européens où les graisses ajoutées ne doivent être ingérées qu’en quantités limitées.

The Nutri-Score nutrition label

Le Nutriscore prend en compte les calories pour les calculs, mais, à cause de cette prise en considération, toutes les matières grasses et fromages seraient notés E car trop caloriques (pas de fibre, pas de protéine, riche en calories) mais cela ne reflète pas la réalité sur la santé du consommateur donc le NS a utilisé un autre algorithme pour cette catégorie qui prend en compte le côté quantitatif. On ne peut pas mettre un produit A quand il y a 900 calories pour 100g car le NS prend en compte la quantité que devrait consommer le consommateur (l’obésité est dû en priorité à un surplus calorique).

De plus, le Nutriscore s’adapte à la recherche scientifique et, a fait monter l’huile d’olive à C grâce aux données scientifiques qui démontraient un effet bénéfique. Cependant, tout autant bénéfique que cela puisse être, les études utilisent une certaine quantité et l’huile, quelle qu’elle soit, ne se consomme pas en grosse quantité d’où la note maximale C pour les matières grasses ajoutées !

En ce qui concerne les fromages, c’est la même chose, riche en calories, faible en fibre et un peu riche en protéine par conséquent beaucoup de fromage sont notés E ou D et certains C en revanche cela ne veut pas dire qu’ils sont mauvais pour la santé comme expliqué précédemment ! Un fromage noté C sera à privilégier face à un fromage noté E en revanche consommer un fromage noté D avec la fréquence et la quantité que recommande les organismes de santé sera sans danger et bénéfique pour la santé !

L’outil est-il efficace selon les données ?

Les détracteurs du Nutriscore utilise aussi un argument imparable d’après-eux, celui que l’outil ne change rien à la santé des gens car ils consomment plus de produits transformés. Cependant, le Nutriscore comme déjà mentionné ne vante pas l’ultra-transformation au contraire, ensuite il est validé par la littérature scientifique à ce sujet !

Les personnes qui utilisent le Nutriscore ont une plus grosse consommation de fruits, légumes, poissons et une consommation moins grande de grignotage en sucré/salé et en graisses saturées. Les marqueurs biologiques sont aussi meilleurs avec plus de protéines, de fer, de zinc, de calcium, de vitamine C, de fibres, de bêta-carotène et d’antioxydants de manière générale. L’utilisation du Nutriscore pour la population lambda est associée à une qualité nutritionnelle supérieure. Les données épidémiologiques montrent une association fortement bénéfique du Nutriscore sur le risque de développer des maladies chroniques, des cancers au long terme mais également sur la prise de gras et des maladies cardiovasculaires. 

L’association inverse concorde également, la consommation fréquente de produits avec un Nutriscore négatif montre une augmentation des décès toutes causes confondues et des pathologies. Cela ne veut pas dire encore une fois qu’un fromage D n’est pas sain, pas d’amalgame !

Pour retrouver les données et les études que je ne détailleraient pas ici, je vous invite dans l’onglet << CADEAUX >> sur mon site et de télécharger le PDF de l’étude et de le lire.

Quelques exemples pertinents du Nutriscore !

Comparaison des céréales lorsqu’un individu utilise des céréales industrielles et transformées pour prendre son petit déjeuner : Quel sera le produit le moins problématique pour la santé de l’individu en un coup d’œil ? Tous les critères sont respectés et le Nutriscore permet donc de faire le meilleur choix dans le cas où l’individu souhaite consommer des céréales. Le produit A contient plus de fibres, plus de protéines, moins de sel/sucre et de graisses saturées.

Pour les boissons, la comparaison se fera essentiellement sur le sucre et les calories car il n’y aura de toute façon pas de fibres ni de protéines ! Plus la note descend plus il y a de sucre et ou calories OU plus la science démontre un effet délétère sur la consommation. Par exemple les jus de fruits apportent des vitamines, du sucre et des calories donc c’est un produit bénéfique en soit mais neutre (C) par le NS car ce sont des calories et du sucre facile et que la consommation doit être raisonnable ! Les sodas, malgré le même apport calorique, sont moins bien noté car la science démontre moins d’intérêt et plus d’effet délétère, le coca zéro est B car il ne contient pas de calorie et pas de sucre donc ça permet de prévenir un apport calorique trop important en comparaison à une autre boisson ! la science démontre la pertinence de remplacer la consommation de sodas par des sodas 0% d’où la note de NS.

Dans cette exemple, la note se fera selon les mêmes critères que les céréales, fibres, protéines, sucre, calories, graisses saturés mais surtout sel ! En un coup d’œil, on peut choisir l’alternative la moins problématique lorsqu’on choisit de la charcuterie pour autant ce n’est pas recommandé en générale par les organismes de santé puisqu’il s’agit d’un produit ultra-transformés !

Conclusion !

Le Nutriscore n’a pas de raison d’être discréditer ou encore d’être mis de côté, il convient de l’utiliser EN COMPLEMENT des recommandations nutritionnelles officielles des organisme de santé. Tous les mythes liés à cet outil sont né d’une affirmation ou comparaison sortie de son contexte initial et sont engendrés par une mauvaise compréhension de l’outil qui vient d’un manque d’information. La colère visant à dénoncer la soi-disant stigmatisation de certaines nutriments n’est pas légitime dans la mesure ou le NS ne se substitut pas aux recommandations et qu’il est valable uniquement pour les produits ultra-transformés pour des gens qui veulent ce que je nommerai << Le moins pire >> lorsqu’ils n’ont pas la possibilité de manger convenablement. Le Nutriscore minimise les dégâts chez les personnes qui ont une fréquence de consommation de produits transformés et ultra-transformés importante et s’est avéré utile pour la santé de différentes populations. Le danger en revanche est de penser que le sel, le sucre et les graisse saturés sont mauvais ce qui n’est pas le cas, il s’agit d’une tendance à la surconsommation qui doit donc être contrôlée au regard du comportement de la population.

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